On trouve, parmi les ruines de ce qui était autrefois le couvent de Monchique, au-dessus de la route pleine de trafic qui épouse le Douro et relie les quartiers de Cais de Ribeiras et de Foz, dans le quartier de Massarelos à Porto, un restaurant très intrigant offrant une cuisine innovante et riche d’âme. C’est déjà une aventure que de réussir à dénicher ce restaurant hors des sentiers battus : d’abord descendre une rue pavée qui serpente jusqu’à l’entrée, ensuite suivre un passage éclairé de chandelles avec les ruines sur votre droite pour enfin arriver au « Sessenta Setenta » (60/70 traduit littéralement, un jeu de mots pour on s’assoit/on se laisse tenter). La décoration est moderne mais sobre – des murs de granit aux pierres apparentes, des planchers aux tons chauds et un éclairage intimiste invitant à s’attarder tout en jouissant de l’admirable vue qui porte de l’autre côté du Douro jusqu’à Gaia où les différentes marques de Porto illuminent la nuit de leurs enseignes dominant les mille et une lumières du paysage urbain nocturne. Et quelle cuisine ! J’ai particulièrement apprécié l’entrée, le patatu , un plat chaud de fèves tendres, fromage de chèvre, huile d’olive et aromates, suivi d’une morue dorée (bacalhau dourado), soit un lit d’oignons doux blanchis et imbibés de mayonnaise recouvert d’une morue pochée elle-même couronnée d’une délicieuse meringue dorée juste à point d’où le terme dourado - un vrai régal tant pour le gout que pour la consistance. La marquise de chocolat, dense avec son coulis de framboise, est un concentré de saveurs qu’une simple bouchée vous permet de garder longtemps en bouche. Le chef Francisco Meireles, aussi secret et excentrique que son établissement, passe son temps entre la cuisine et le restaurant remplissant discrètement les verres de ses clients qu’il couve du regard.
Rua Sobre o Douro, 1A, Oporto
Tel: 223406093