Aujourd’hui il est devenu impossible de ne pas penser quotidiennement aux changements climatiques. Conditions météorologiques erratiques, températures de plus en plus élevées, sécheresse, fonte des calottes polaires, c’est la nouvelle norme mondiale. Propriétaires de Quinta do Tedo depuis 1992 (27 années), même si nous n’y vivons pas à temps plein, nous avons été témoins de ces évolutions. Presque chaque année nous vendangeons plus tôt, supportons des vagues de chaleur plus longues (il n’est pas impossible de faire cuire un oeuf à l’extérieur sur une pierre), subissons des orages d’été imprévisibles, avons du mildiou dans nos vignobles (alors que nous nous sommes toujours enorgueillis de savoir comment “les autres régions” avaient des problèmes de mildiou et pas nous!). La liste n’est pas exhaustive
Nous nous acheminons vers la fin du printemps ; l’habituelle saison des pluies de janvier à mars est derrière nous, mais cette année une grande partie de la pluie est tombée en…avril! Alors que je visitais depuis la Californie le Portugal à la fin du mois de mars et dans la première semaine d’avril, les journées étaient chaudes et humides, “est-ce que la chaleur du Douro a déjà débuté ?” me demandais-je avec mon esprit anxieux. Y-aurait-il de la pluie, les vignobles étant étrangement secs? Comment se présentera cette année sans des pluies suffisantes et avec des températures déjà anormalement élevées ? Comment se comporteront les potagers de la Quinta, la faune et la flore de la région et plus important encore les vignobles ? Lorsque la pluie tomba en avril, je fus soulagée psychologiquement.
Les variétés traditionnelles des cépages du Porto dans la vallée du Douro tolèrent la sécheresse et la chaleur, mais cela ne signifie pas que la qualité ne sera pas affectée par des températures plus élevées et des précipitations moindres. Nos murs en pierres sèches (à la Quinta, ils représentent une longueur de 5 kilomètres s’ils étaient tous alignés en une seule rangée) participent à maintenir l’humidité dans les vignes et évitent l’érosion des sols (si nous les comparons aux plus récentes plantations verticales, cependant nous subissons occasionnellement dans les murs des brèches qui nécessitent d’être réparées). Nous pratiquons depuis 2009 la viticulture biologique pour reconstituer le sol en matière organique. Nous sommes très fiers de ce que nous avons fait, mais il y a toujours matière à faire mieux.
Selon la NASA, 17 des 18 années les plus chaudes, dans les 136 années depuis le début des relevés, ont eu lieu depuis 2001. En mars 2019, la seconde conférence du protocole de Porto Climate Change (changement climatique) Leadership a eu lieu à Porto (en 2017, Barak Obama a apporté son soutien à la première conférence), 850 personnes et 50 conférenciers du monde entier se sont réunis en sessions de réflexion. Adrian Bridge, PDG du Porto Taylor, a demandé à l’humain 2 engagements : 1) faire plus demain que ce que nous sommes entrain de faire aujourd’hui et 2) partager ce qui marche pour apprendre d’autrui à trouver des solutions. Nous pouvons tous faire plus, que ce soit dans l’univers du vin et dans toute autre forme d’industrie, mais il est essentiel de travailler ensemble.